Mes enfants
Mais qu’est-ce que la colère me direz-vous ?
La colère est une maladie de l'âme habituellement liée à la dureté de coeur, qui s'enracine dans l'impatience et l'orgueil. Le colérique veut dominer, primer partout; pour peu que son orgueil vienne à être blessé, il ne se contient plus. La colère, en plus de l'esprit de domination, se relie fréquemment aussi à un esprit de possession et à un esprit vindicatif.
Espérons tous ensemble trouver dans notre foi les raisons d’espérer et de combattre ces péchés par leurs vertus et leurs valeurs: la patience et le renoncement
Dans sa frénésie, l'homme colère s'en prend à tout, à la nature brute, aux objets inanimés qu'il brise, parce qu'ils ne lui obéissent pas. Ah ! si dans ces moments-là il pouvait se voir de sang-froid, il aurait peur de lui, ou se trouverait bien ridicule ! Qu'il juge par là de l'impression qu'il doit produire sur les autres. Quand ce ne serait que par respect pour lui-même, il devrait s'efforcer de vaincre un penchant qui fait de lui un objet de pitié.
S'il songeait que la colère ne remédie à rien, qu'elle altère sa santé, compromet même sa vie, il verrait qu'il en est la première victime ; mais une autre considération devrait surtout l'arrêter, c'est la pensée qu'il rend malheureux tous ceux qui l'entourent ; s'il a du coeur, n'est-ce pas un remords pour lui de faire souffrir les êtres qu'il aime le plus ? Et quel regret mortel si, dans un accès d'emportement, il commettait un acte qu'il eût à se reprocher toute sa vie !
En somme, la colère n'exclut pas certaines qualités du coeur ; mais elle empêche de faire beaucoup de bien, et peut faire faire beaucoup de mal ; cela doit suffire pour exciter à faire des efforts pour la dominer.
Le spirite est en outre sollicité par un autre motif, c'est qu'elle est contraire à la charité et à l'humilité Aristotélicienne.
D'après l'idée très fausse qu'on ne peut pas réformer sa propre nature, l'homme se croit dispensé de faire des efforts pour se corriger des défauts dans lesquels il se complaît volontiers, ou qui exigeraient trop de persévérance ; c'est ainsi, par exemple, que l'homme enclin à la colère s'excuse presque toujours sur son tempérament ; plutôt que de s'avouer coupable, il rejette la faute sur son organisation, accusant ainsi Dieu de ses propres méfaits. C'est encore une suite de l'orgueil que l'on trouve mêlé à toutes ses imperfections.
Sans contredit, il est des tempéraments qui se prêtent plus que d'autres aux actes violents, comme il est des muscles plus souples qui se prêtent mieux aux tours de force ; mais ne croyez pas que là soit la cause première de la colère, et soyez persuadés qu'un Esprit pacifique, fût-il dans un corps bilieux, sera toujours pacifique ; et qu'un Esprit violent, dans un corps lymphatique, n'en sera pas plus doux ; seulement, la violence prendra un autre caractère ; n'ayant pas un organisme propre à seconder sa violence, la colère sera concentrée, et dans l'autre cas elle sera expansive.
Le corps ne donne pas plus la colère à celui qui ne l'a pas, qu'il ne donne les autres vices ; toutes les vertus et tous les vices sont inhérents à l'Esprit ; sans cela où serait le mérite et la responsabilité ? L'homme qui est contrefait ne peut se rendre droit parce que l'Esprit n'y est pour rien, mais il peut modifier ce qui est de l'Esprit quand il en a la ferme volonté.
Dites-vous donc que l'homme ne reste vicieux que parce qu'il veut rester vicieux ; mais que celui qui veut se corriger le peut toujours, autrement la loi du progrès n'existerait pas pour l'homme.
La douleur est une bénédiction que Dieu envoie à ses élus ; ne vous affligez donc pas quand vous souffrez, mais bénissez au contraire le Dieu tout-puissant qui vous a marqués par la douleur ici-bas pour la gloire dans le ciel.
Soyez patients ; c'est une charité aussi que la patience, et vous devez pratiquer la loi de charité. La charité qui consiste dans l'aumône donnée aux pauvres est la plus facile des charités ; mais il en est une bien plus pénible et conséquemment bien plus méritoire, c'est de pardonner à ceux que Dieu a placés sur notre route pour être les instruments de nos souffrances et mettre notre patience à l'épreuve.
La vie est difficile, elle se compose de mille riens qui sont des coups d'épingle et finissent par blesser ; mais il faut regarder aux devoirs qui nous sont imposés, aux consolations et aux compensations que nous avons d'un autre côté, et alors nous verrons que les bénédictions sont plus nombreuses que les douleurs. Le fardeau semble moins lourd quand on regarde en haut que lorsqu'on courbe son front vers la terre.
Courage, amis, certains ont plus souffert qu'aucun de vous, et ils n'avaient rien à se reprocher, tandis que vous, vous avez à expier votre passé et à vous fortifier pour l'avenir. Soyez donc patients ; soyez Aristotéliciens, ce mot renferme tout.
L'homme qui a de la sagesse est lent à la colère, Et il met sa gloire à oublier les offenses.
La parole douce rompt la colère, la parole dure excite la fureur.
L'insensé laisse voir à l'instant sa colère mais celui qui cache l'outrage est un homme prudent.
Celui qui reconnaît ses manquements et ses torts sera sûrement moins porté à grossir ceux des autres, il sera moins disposé à se fâcher de tout.
Il faut se garder d'agir pendant la colère, et même de parler, parce qu'on serait alors mûs par la passion, et on risquerait d'agir et de parler d'une façon insensée et, par conséquent de commettre de graves fautes dont on aurait à se repentir. Si la colère tend à se manifester et qu'on a peine à la contenir, il sera sage de s'éloigner et d'attendre qu'elle soit calmée avant d'adresser la parole, fût-ce à un enfant.
La colère ne résout aucun problème. Au lieu d'en résoudre, elle en crée à chaque fois un nouveau. Il ne sert donc absolument à rien de se mettre en colère. La peur engendrée par la colère est une bombe à retardement : son explosion ne peut que causer de grands dommages.
Si on s'est laissé emporter par la colère, il ne faut pas tarder à réparer sa faute, en reconnaissant franchement qu'on a eu tort de se fâcher. Il ne faut pas hésiter à s'excuser de son impatience, et si nécessaire, à demander pardon d'une parole injurieuse ou blessante qui a pu échapper. C'est un devoir de justice que de soulager les coeurs que l'on a pu blesser.
Il faut faire de fréquents actes de douceur et d'humilité pour combattre le penchant qu'on pourrait avoir à la colère. Il faut tâcher d'être aimable et de répandre le bonheur autour de nous. Par l'application de ce remède, saint François de Sales est devenu un modèle de douceur.
Pour guérir d'une disposition maladive à la colère, il faut porter grande attention à ses impressions, à ses sentiments et à ses pensées, où la colère se tient comme en embuscade prête à foncer sur la première personne osant nous contrarier. Par cette attention sur les mouvements de son coeur, on demeure en garde et il devient aisé de les maîtriser.
Aussi il faut corriger dans sa racine la disposition qu'on a de donner toujours tort aux autres et de croire qu'ils ont l'intention de nous offenser. Il faut plutôt s'appliquer à leur prêter de bonnes intentions et à les excuser. D'autre part, il ne faut jamais écouter les mauvais rapports, qu'on ne peut pas contrôler objectivement, car rien n'est plus propre à exciter la colère et à semer la division.
Enfin, il ne faut jamais se décourager dans la lutte que nous devons engager contre la colère, car il s'agit d'une maladie tenace qui plonge de profondes racines dans le coeur. Ce n'est qu'avec l'aide Dieu qu'on peut guérir parfaitement de cette maladie, car c'est de son divin Coeur doux et humble que coule sur les âmes qui l'implorent la source rafraîchissante et pacifiante de la douceur et de l'humilité.
Et surtout méditez sur ces mots d’ Aristote :
La colère est nécessaire ; on ne triomphe de rien sans elle, si elle ne remplit l'âme, si elle n'échauffe le coeur ; elle doit donc nous servir, non comme chef, mais comme soldat.