Samedi 5 mai
Comme la première fois, la ville semblait vide. Le calme plat. Seule l’horloge semblait fonctionner.
La recherche de Nouche commença !
Où se trouvait donc notre amie pochtronne ? Sa maison était vide… Sans doute travaillait-elle au moulin. Mais là aussi, pas de trace de la belle dame.
A mon grand regret, il me faut donc me lancer dans la tournée des tavernes.
Tâche qui en soit n’a rien de rébarbatif mais risquait de rester vaine car les volets semblaient bien clos.
Finalement, la taverne de Momurail est la seule d’où sort de la musique. Cela sentait terriblement bon la fête et la bière semblait couler à flot.
Une fois rentré, je me retrouve plongé dans la fête d’anniversaire de Mylan. Les tournées pleuvent et la bug coule à flots. Nécro et Mys sont de sacrés soiffards. L’arrivée de Nouche fait encore monter l’ambiance d’un cran.
Un petit coup d’œil appuyé sur le panneau montre l’étendue des dégâts : plein comme une vache. Le temps de se convaincre de passer à la tisane, et c’est trop tard. Mystic et Nouche font sauter le panneau.
Le compte est bon : 52 chopes en moins d’une heure.
La boulasse est assurée pour la semaine.
Même l’idée de passer la nuit dans les fossés de Châteauroux ne m’émeut guère. Jeté à la rue, jeté au fossé, la différence n’est pas grande.
Une fois sorti de la taverne, la recherche d’un chouette fossé commence. La lune est pleine et fait penser aux loups garous. Ce n’est pas ici qu’ils viendront me chercher.
Les fossés de Châteauroux sont bien aménagés et la recherche d’un endroit confortable n’est guère difficile. Il suffisait de jeter une couverture et une bonne nuit était garantie.
Pas loin d’autres formes allongées, laissent imaginer que bien des masures doivent rester vides le soir à Châteauroux.
Juste avant d sombrer dans un sommeil réparateur, je vois arriver Nouche.
Bonne nuit chère amie.
Dans un dernier élan de lucidité, la phrase sort toute seule : Si tu vois Arthémisia, dis-lui que je suis dans le fossé.
La réponse de Nouche fut sans pitié.
Ainsi Arth était partie sans l’attendre, sans lui donner de nouvelle.
Pourtant elle lui avait fait une promesse…
Dimanche 6 mai
Le lever est douloureux. Les muscles endoloris et le dos courbaturé rivalisent en douleur avec les élancements lancinants à l’intérieur de la boîte crânienne.
Pourtant il faut se lancer à la recherche d’un travail et d’une miche de pain. La première personne que je vois est Mystic qui bien gentiment s’inquiète de sa victime d’un soir. A voir sa tête, je devine que je ne dois pas paraître très frais. Les seuls mots qui sortent de ma bouche disent « …patobib… ».
Pas la peine de chercher du travail, la direction de la taverne s’impose. Une fois installé, pas compliqué de s’apercevoir que ma bourse est vide. Il n’y a plus qu’à attendre que cela passe. Même Tourist n’a pas pu m’aider. C’est ainsi que j’appris à me dépens qu’en taverne, il faut 5 écus minimum pour obtenir un menu.
Devant l’air horrifié des personnes que je croise, il me faut bien me décider à me rendre plus présentable.
Châteauroux possède un lavoir et des bains mais aucun de ces endroits n’est vraiment adapté. Donc…direction la rivière.
Le long des berges, quelques vieux saules laissent tomber leurs branches vers la surface de l’eau. Il ne me faut que quelques minutes pour choisir un des saules et y déposer ma besace. Première étape, jeter ses frusques puantes de bière dans l’eau. Deuxième étape, suivre ses vêtements et piquer la tête la première dans la rivière.
Le bruit du plongeon surprend quelques canards qui paraissaient le long de l’eau. Suivre des yeux leur envol est un délice et peu à peu l’esprit se libère.
Il passa en revue les derniers visages qu’il avait rencontrés. Rapidement, son attention se fixa sur un visage. Il sentit monter vers ses joues une certaine rougeur. Les étoiles plein les yeux, il se promit de ne pas confondre amitié et amour.
Comme la veille, la soirée avait été bien arrosée.
Tisaneeeeeeee.
La cure est terrible mais dans le malheur, il faut parfois prendre le parti d’en rire.
Nouche avait subi le même sort. Son départ pour Noirlac étant prévu pour le lendemain, elle ne voulait pas prendre le risque de se laisser dépérir.
Lundi 7 mai
La nuit fut courte.
Deux pigeons attendaient patiemment sur le balcon de la chambre de l’auberge. Les nouvelles se succédaient.
Mononoke et Joeffrey avaient quitté Craon. Ils donnaient rendez-vous à Chinon.
L’autre pigeon venait d’Evea. Elle lui rappelait son mariage avec Shinja.
Le mariage. Comment avais-je pu oublier le mariage de ma filleule ?
Il est temps de dire adieu à Châteauroux, récupérer les ânes, la charrette, le blé et de reprendre la route du retour.
Direction Saint Aignan.